
Le CNRS et l’Ifremer mènent plusieurs études sur les microplastiques dans le cadre du projet Preventing Plastic Pollution. Voici un résumé par Kevin Tallec, l’un des chercheurs et auteur de l’étude publiée dans le Journal of Hazardous Materials.
Effets des composés chimiques relargués par différents objets en caoutchouc sur les jeunes stades de vie de l’huître creuse
Parmi la diversité de plastiques émis dans l’environnement, le caoutchouc représente une part non négligeable de la contamination. Par exemple, 17 millions de tonnes de déchets pneumatiques sont produits tous les ans. Les produits et déchets en caoutchouc présentent des signatures chimiques spécifiques et peuvent relarguer directement dans l’environnement des molécules potentiellement toxiques.
Nous avons étudié la toxicité chimique de trois types d’objet en caoutchouc représentant des sources potentielles de contamination :
- Les pneus
- Les granulés issus du recyclage de pneumatiques afin de produire des terrains de sport synthétiques
- Les élastiques utilisés par des activités ostréicoles.
Les différents produits (neufs ou usagés) ont été immergés pendant deux semaines dans de l’eau de mer afin de récupérer les composés chimiques libérés. Globalement, les formes neuves des objets testés ont présenté les signatures toxicologiques les plus élevées, potentiellement du fait de teneurs supérieures en additifs en comparaison aux objets usagées dont les additifs ont pu être déjà libérés dans l’environnement durant leur utilisation antérieure. Ainsi, les trois types d’objet dans leur forme «neuve » ont émis des composés chimiques réduisant le succès de développement embryonnaire de l’huître creuse, une espèce emblématique des côtes françaises et qui participe activement à la stabilité des écosystèmes côtiers.
Il est à noter que les effets les plus forts ont été observés lors des expositions aux composés chimiques émis par les élastiques ostréicoles neufs. Ces derniers ont également diminué la survie des spermatozoïdes de l’huître, réduisant par conséquent le succès de fécondation.
Des analyses complémentaires doivent être réalisées afin d’évaluer le risque de ces différents objets directement dans l’environnement. Toutefois, par précaution et anticipation, cette étude suggère que des développements industriels pourraient être bénéfiques afin de produire des objets aquacoles sans danger et qu’il est nécessaire de mettre en place des mesures efficaces pour limiter l’apport des déchets en caoutchouc dans l’environnement marin.
Retrouvez cette étude publiée (en anglais) dans le Journal of Hazardous Materials: https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0304389421028521